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Pastoralisme, changement climatique et développement durable

Environnement
(22 juin 2009)

AVSF organise, avec le soutien de la Région Rhônes Alpes et de l’ONG Oxfam l’ atelier : « Pastoralisme, changement climatique et développement durable » Du 24 au 26 juin 2009 au Conseil Régional de Saint Louis.

CONTEXTE ET PROBLÉMATIQUE

Les mouvements de bétail en Afrique de l’Ouest ont lieu sur toute la bande soudano saharienne. Ils répondent à des contraintes environnementales locales (régime des pluies et disponible en pâturages), à la nécessité de mettre en marché le bétail vers les zones urbaines et plus conjoncturellement à des crises climatiques ou sanitaires. L’élevage de ruminants contribue à hauteur de 10 à 15 % du PIB des pays sahéliens et occupe près d’un quart de la population au titre de leur revenu principal ou d’un complément de revenu annexe. Le mode de production pastoral concerne plus du tiers de l’élevage bovin et la moitié de l’élevage des petits ruminants en Afrique de l’Ouest, pour plus de 50% de la production totale de viande et de lait dans la zone. La filière bovin viande est une des 5 priorités de la politique agricole de l’UEMOA (PAU) et la transhumance est un des thèmes prioritaires de la politique agricole de la CEDEAO (ECOWAP).

Au Sénégal, comme ailleurs en Afrique de l’Ouest, dans un contexte socio-économique et politique ouest africain caractérisé par la hausse des produits alimentaires et l’accroissement des besoins en protéines animales (croissance démographique de 2 à 3% par an en zone rurale et supérieure à 4% par an en zone urbaine), le développement maîtrisé du pastoralisme représente un véritable enjeu de sécurité alimentaire, de croissance économique durable, d’aménagement des zones pastorales et de paix sociale.
Des contraintes croissantes pèsent sur l’élevage mobile dans la zone sylvopastorale du Ferlo :

  • 1- Un accès réduit aux ressources naturelles (eau et pâturages) :
    - une pression démographique accrue qui entraine la colonisation de zones antérieurement consacrées à l’élevage et leur conversion en zones urbaines ou agricoles ;
    - une concurrence entre les différents utilisateurs de l’espace rural (agriculteurs, éleveurs, pêcheurs…) ;
    - le développement d’une utilisation privative des territoires (ranching, périmètres irrigués, agro carburants, productions vivrières destinées à l’export…) ;
    - Le développement de zones protégées (zones forestières, réserves naturelles…).
    Ces évolutions, aggravées par une reconnaissance insuffisante du foncier pastoral, remettent de plus en plus en question la viabilité de l’élevage pastoral mobile et entraînent une multiplication de conflits d’usage et de troubles sociaux, parfois sanglants.
  • 2- Au niveau de l’accès au marché, les pasteurs sont trop souvent victimes de taxations diverses, plus ou moins légales, qui handicapent la circulation des animaux et entraînent une hausse artificielle des prix à la consommation. Les marchés à bétail équipés pour l’embarquement des animaux sont rares et supposent de longs trajets à pied qui épuisent le bétail et déprécient sa valeur économique. De surcroît, les filières viandes sont souvent complexes et peu transparentes. Les marges sont étroites pour tous les éleveurs, qui doivent faire face à un grand nombre d’intermédiaires qui engrangent souvent la majeure partie de la valeur ajoutée. Les grands éleveurs, ayant une bonne capacité de négociation, peuvent réguler leurs flux, mais les petits éleveurs ont peu de poids, ce qui les décourage de commercialiser leurs animaux. Enfin, les systèmes de crédit et les systèmes bancaires ne constituent pas encore une alternative crédible à la « capitalisation sur pied » réalisée par certains propriétaires. Toutes ces contraintes affectent la compétitivité de la viande sénégalaise face à la viande importée (sur pied ou non).
  • 3- Enfin, un enjeu crucial est de mieux prendre en compte les populations pastorales dans la mise en place et la gestion des infrastructures publiques (hydraulique pastorale, marchés à bétail, pistes de transhumance…) au travers de processus concertés. Il est donc nécessaire de réfléchir à des formules innovantes et économiquement viables pour développer des services et un mode de gestion piloté par les populations pastorales elles-mêmes.

La mise en place de l’entente inter régionale pour la zone sylvopastorale du Ferlo constitue une initiative structurante qui regroupe les 5 régions dont le territoire recouvre au moins en partie la zone Ferlo (Saint-Louis, Matam, Louga, Tambacounda et Kaffrine). Cette initiative offre un cadre politique pour la mise en place de plans d’investissements régionaux dont l’objectif serait l’aménagement et la mise en valeur du Ferlo.
Le développement de l’élevage pastoral dans la zone du Ferlo doit également se placer dans la perspective du changement climatique. La zone du Ferlo a été retenue par le PNUD comme une région test pour la mise en œuvre de plans d’actions « climat » et constitue une expérience pilote pour contribuer à atteindre les ambitions de Kyoto 2 (20 % réduction de GES, 20 % d’énergies renouvelables) d’içi 2020. Dans la perspective de la Conférence de Copenhague (fin 2009), il est important d’illustrer la manière dont une politique d’aménagement territorial, portée par les régions et les professionnels, peut contribuer à ces objectifs.

Cet atelier vise donc à susciter un échange entre les acteurs de la zone Ferlo sur le rôle structurant du pastoralisme dans le développement du Ferlo et les relations entre élevage pastoral et changement climatique. Ce faisant, cet atelier devrait faciliter l’identification d’actions visant à l’aménagement de la zone sylvo-pastorale tout en contribuant au plan climat pour le Ferlo. Dans cette optique, l’atelier devra permettre une meilleure connaissance entre les acteurs, permettant de renforcer les relations dans chacune des régions, mais également entre régions et entre organisations professionnelles de la zone Ferlo.

L’atelier s’appuiera donc sur des expériences concrètes, passées ou en cours, qui répondent au double objectif d’un développement durable et d’un impact climatique. Il permettra de tracer les contours de solutions qui pourraient être proposées à un niveau local, national et sous-régional. Il réunira des représentants des principaux acteurs concernés : en premier lieu les acteurs de la filière viande et les régions, mais également les pouvoirs publics nationaux et internationaux et les acteurs de la coopération. Des représentants d’organisations professionnelles et d’ONG des pays frontaliers (Mali et Mauritanie) seront également conviés.

OBJECTIFS DE L’ATELIER

  • 1. Mettre à un même niveau de connaissance les différents participants :
    a. Sur le changement climatique : information et diffusion des connaissances et négociations internationales sur le climat ;
    b. sur l’état des lieux des acteurs, des potentialités et des contraintes liées à l’élevage pastoral dans le Ferlo : organisations, cadres juridiques, organisation foncière et principaux enjeux tels que ressentis par les différents acteurs… ;
    c. sur les initiatives en cours dans la zone Ferlo : mise en place de l’entente pastorale et mécanisme d’élaboration du plan climat avec l’appui du PNUD.
  • 2. Favoriser des échanges entre les acteurs professionnels, institutionnels et les experts sur la base des expériences innovantes et validées en matière d’appui à l’élevage pastoral et leurs implications en matière de développement durable et de climat, selon deux entrées :
    a. Territoriale : comment accompagner un développement territorial concerté des territoires pastoraux : Comment impliquer les éleveurs dans l’action des collectivités locales ? Quelles solutions innovantes pour une gestion concertée des ressources pastorales ? Comment prévenir et régler les conflits d’usage ?
    b. Infrastructures : Comment financer dans la durée les dispositifs d’animation et les infrastructures pastorales : comment assurer la maintenance et le renouvellement des ouvrages hydrauliques ? quelles infrastructures de santé animale et de commercialisation du bétail ? Quels dispositifs de gestion/animation de ces infrastructures ? Quelle fiscalité locale pour favoriser un développement local ?
    c. Concertation : comment faciliter les échanges interprofessionnels entre les éleveurs et les autres acteurs du monde pastoral, en lien avec les collectivités territoriales, pour mener une réflexion sur la gestion concertée des ressources, la mise en place d’infrastructures et de services et la valorisation des produits de l’élevage.
  • 3. Identifier quelques actions innovantes qui pourraient alimenter le programme de l’entente pastorale, les plans de développement régionaux et le plan climat. Les traduire sous forme d’une recommandation politique pour la stratégie de développement de l’élevage pastoral dans le Ferlo.

PRODUITS ATTENDUS

  • 1. Les actes du séminaire réalisant une synthèse des débats et reprenant les interventions / contributions de tous les partenaires (version papier et version électronique sur CDROM)&nbsp
  • 2. L’élaboration de deux documents de capitalisation issus des présentations et des échanges ;
  • 3. Une synthèse et des recommandations « politiques » pour une stratégie de développement de l’élevage pastoral dans le Ferlo.

Source : vsfcicda